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À la vie ! l’adieu poétique et lucide de Jean-Claude Carrière au monde

Sarah Maurel

Sarah Maurel

Office Manager – Adeo Conseil

Publié le 20/01/2022

Temps de lecture : 3 minutes
Le coin de l'écrivain

Avant de s’éteindre, Jean-Claude Carrière pose un dernier regard sur le monde. On le suit dans ses mots, au rythme des réflexions sur la triple crise qui frappe notre société. À ses inquiétudes face à l’état de la planète répond le profond amour qu’il lui porte. Il chérit la terre, celle des hommes terrestres, de ses racines, dans le Midi de son enfance surtout ; Et celle des hommes d’esprit. 

Une ode à la planète

Il donne sa vision de l’homme au cœur de trois crises simultanées : sanitaire, écologique et économique. Carrière s’interroge et observe la pandémie de la Covid envahir le monde comme le virus humain ronger sa planète. De l’œil de celui qui s’éloigne, inquiet pour son prochain, il dédie ses dernières lignes à la planète.

Et il choisit d’en faire le tour. Il entraine le lecteur dans un balai entre ciel et terre, le plongeant aux racines de la terre, pour mieux l’élever ensuite. Carrière dit adieu à sa Camargue, aux chevaux blancs, aux gardians menacés par la montée des eaux.  À ses côtés, le lecteur déplore la fin annoncée des châtaigniers dans le sud-est avant de traverser les Océans pour assister, impuissant, aux incendies californiens et australiens.

À l’état désastreux du monde se mêle la douceur de ses souvenirs et la poésie des penseurs classiques et contemporains. Ses lignes sont empreintes de spiritualité et Carrière s’amuse, jongle avec les références. La pensée de Cicéron sur le mystère de l’âme succède à l’évocation des délires de Donald Trump. L’auteur rappelle que le premier croyait à l’immortalité de l’âme et estime que « cela le consolait, apparemment du déclin de la fin inévitable de toute vie ». 

Ouvrir les yeux sur ce qui nous entoure

Au gré des époques révolues et des pays lointains, le regard du lecteur se trouve aiguisé, son esprit plus conscient de ce qui l’entoure. Jean-Claude Carrière, au moment où il écrit, est plus que jamais présent au monde et aux tourments qui font vaciller ce dernier. Il choisit de garder les yeux ouverts et d’aider le lecteur à le regarder tel qu’il est. Au seuil de sa vie, il l’aide à en ressentir l’urgence. Pour lui, l’homme porte en lui son salut « la fraternité nous offre (…) un horizon illimité »

Et, si Carrière, dans À dans la vie ! le guide vers son avenir, son voyage à lui est tout autre. Il prend congé. Voyage initiatique pour l’un et dernier adieu pour l’autre.

Comme une épitaphe, Jean Claude Carrière pose ses derniers mots, « À notre santé ».