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Travailler sa posture d’accompagnement pour redonner confiance

Le 8 septembre 2020

De novembre 2019 à juin 2020, Adeo a participé pour le compte de l’Agefiph à la professionnalisation des acteurs de l’accompagnement à l’emploi sur les questions du handicap. Retour sur cette première saison de rencontres avec Jérôme Oddon, dirigeant fondateur d’Adeo Conseil.

travailler sa posture d'accompagnement par  Jérôme Oddon, fondateur d'Adeo Conseil

Jérôme Oddon, dirigeant fondateur d’Adeo Conseil – (c) Adeo Conseil

Quel était le besoin de départ exprimé par l’Agefiph et comment Adeo y-a-t-il répondu ?

Cette action d’appui à la professionnalisation avait vocation à permettre aux acteurs d’être plus compétents dans leur rôle d’accompagnement à l’emploi des personnes en situation de handicap.

Notre cible était tout à fait particulière puisqu’il s’agissait de professionnels de l’accompagnement à l’emploi parmi lesquels on compte certains professionnels du handicap : les acteurs du Service Public de l’Emploi (SPE) et prioritairement les conseillers de Pôle emploi, des Missions-Locales, de Cap emploi et de l’APEC ; les acteurs du Service public régional de l’orientation (SPRO), les réseaux de l’Insertion par l’Activité Economique (IAE).

Quelle a été la solution apportée par Adeo ? Quels formats ? Quels types de contenus ?

Le cadre du marché était relativement contraint dans un premier temps. Il y avait trois niveaux de modules :

– le premier, très généraliste, visait surtout à faire découvrir aux nouveaux conseillers à l’emploi ce qu’est le handicap, les politiques de lutte contre les discriminations et la législation propre à l’emploi des personnes en situation de handicap, l’écosystème des acteurs, etc ;

– le deuxième, thématique, abordait les différentes typologies de handicap, leurs impacts, les besoins de compensation et les partenaires qu’on peut mobiliser ;

– et le troisième niveau venait renforcer les sujets de l’accès et du maintien dans l’emploi ainsi que de la relation avec les employeurs. Une relation qui implique parfois de faire de la médiation et qui justifie de travailler davantage sur les postures.

Avec du recul sur ces neuf mois qui viennent de s’écouler, quel message a été le plus structurant à porter auprès de cette cible ?

Un point qui nous est cher et que l’on défend depuis bien longtemps : c’est que l’accompagnement d’un individu dans toute sa complexité ne peut se résumer à l’utilisation de guides ou de procédures.

Notre cerveau est constitué de telle sorte que l’on a vite fait d’enfermer les personnes en situation de handicap dans une vision réductrice et stéréotypée. Souvent pleins de bonne volonté, nous focalisons notre attention sur les contraintes produites par leurs handicaps au lieu de nous concentrer sur l’immense richesse de leur potentiel et de leurs aspirations. Un des leviers les plus importants pour changer de regard est de prendre du recul sur ses représentations, c’est-à-dire ce qui traverse son cerveau sans discernement. S’ouvrir à l’autre en se tenant à l’écoute des signaux faibles est bien plus intéressant que de chercher à le définir à partir de nos stéréotypes.

Durant ces neuf mois d’actions de professionnalisation, nous nous sommes aussi rendu compte que la question de la relation à l’autre, qui est pourtant au cœur de leur métier, avait bien besoin d’être approfondie. Nous avons donc beaucoup travaillé là-dessus à travers des simulations. Il s’agissait d’améliorer la qualité de leur accompagnement en nous appuyant beaucoup sur les techniques de questionnement, la prise en compte des biais de représentation, l’analyse des comportements, des appétences et des qualités intrinsèques des personnes…

Si l’on veut que les personnes en situation de handicap puissent davantage accéder à l’emploi, il faut bien passer par là. C’est en leur redonnant confiance et en focalisant sur leur potentiel et non pas sur leurs contraintes que ces personnes vont trouver le chemin de réalisation qui leur est nécessaire et qui bénéficiera à tous.

A contrario, quel(s) nouveau(x) (constat(s) ont émergé grâce aux participants ?

Le principal intérêt de cette cible est la nature assez semblable du métier que ses membres exercent malgré leur diversité. Les outils et les moyens que les professionnels de l’accompagnement ont à leur disposition sont parfois différents, de même que les procédures qu’ils doivent appliquer. Mais tous poursuivent le même but et ont largement intérêt à faire œuvre commune pour bâtir ensemble des parcours pertinents. Dans la réalité, ces acteurs se connaissent peu et apprécient beaucoup les occasions qui leur sont données de tisser des liens avec des partenaires potentiels.

Notre animation faisait ainsi une large part aux échanges sur la présentation croisée des offres de service, avec des formats qui permettaient une vraie capacité de dialogue entre les participants. D’autre part, les simulations que nous proposions, dans le cadre des sujets sur l’accompagnement à l’emploi ou sur la relation avec les employeurs ont permis de faire émerger les postures adéquates et communes à tous.
Le fait de compter parmi nous des représentants de structures différentes nous a vraiment permis de donner plus de substance et de visibilité à l’écosystème.

Si l’on en juge les nombreuses coordonnées échangées et même les rendez-vous pris entre eux au fil des semaines, il semblerait que le pari ait été réussi. Nous avons également appris que certains participants étaient déjà intervenus dans d’autres structures pour présenter leur offre.

Et s’il fallait donner 3 conseils à un professionnel de l’accompagnement pour qu’il trouve la meilleure posture ?

3 conseils ? On a passé des heures et des heures en formation et je dois les résumer en 3 conseils (rires) ?!

le premier conseil, c’est de douter :

douter, comme je le disais précédemment, sur ce que nos représentations mentales sont capable de produire.

le deuxième conseil, c’est d’avoir confiance :

Confiance dans la capacité de l’échange à porter ses fruits. Cela implique de sortir du cadre de ses représentations sur l’autre, de développer une écoute active sans jugement, de permettre à l’autre de prendre confiance en lui. C’est dans ses conditions qu’il pourra révéler le meilleur de lui-même.

le troisième conseil, c’est de travailler son questionnement.

Beaucoup de questions que l’on pose ne sont en fait que le reflet de nos représentations et servent avant tout à confirmer nos croyances. Certains appellent l’art de poser les bonnes questions « la questiologie ». Einstein disait même que s’il lui restait une heure pour régler un problème de la plus haute importance, il passerait sans doute 59 minutes à formuler la bonne question. La question peut ouvrir l’autre sur son environnement ou au contraire l’enfermer, l’inviter à prendre de la hauteur et de la profondeur dans sa vie ou au contraire l’assigner à être ce que l’on pense de lui. Maîtriser les techniques de questionnement et s’entraîner est fondamental pour les métiers de l’accompagnement vers l’emploi des personnes en situation de handicapSon impact va jouer sur les bénéficiaires en premier lieu mais aussi sur les entreprises en leur permettant d’élargir leur champ de compréhension sur les vertus de la fragilité.

Recruter une personne en situation de handicap est non seulement une opportunité de diversifier son recrutement et ses talents, mais sans doute aussi l’occasion de faire évoluer ses modes de management en ré-apprivoisant la fragilité !

Et justement, à cet égard, comment les consultants d’Adeo conseil peuvent-ils contribuer à améliorer cette posture d’accompagnement ?

Dans notre expérience professionnelle au sein d’Adeo, nous avons eu la chance d’explorer un champ assez large de techniques et de disciplines.

Au-delà de la connaissance de longue date du handicap dans son cadre réglementaire, des obligations des employeurs, des acteurs qui apportent leur expertise, nous avons conduit de nombreuses études sur la lutte contre les discriminations. Avec l’apport des neurosciences, nous avons mieux compris comment notre cerveau forge un préjugé, un stéréotype et hélas pour finir nous conduit parfois à une discrimination. Le cabinet a ensuite beaucoup travaillé sur les travaux issus de l’Ecole de Palo Alto, notamment la systémie, la psychologie positive, les sciences comportementales en général. Elles constituent un précieux apport pour aider ces cibles à faire évoluer leurs pratiques.

Notre spécificité, c’est vraiment de considérer que la relation est au cœur de la mission d’accompagnement. Mais instaurer cette relation n’est pas aussi évident qu’il y paraît. Cela nécessite de prendre du recul et d’accepter d’examiner nos pratiques et nos pensées. Ensuite, il s’agit surtout d’un entraînement pour que cette mission d’accompagnement donne le meilleur de ce que l’on peut attendre de la relation entre des êtres humains.